[ Pobierz całość w formacie PDF ]

violents ; le moindre retardement peut me désespérer, et vous demeurez tranquille sous un vain prétexte !
Il se passe des choses horribles : j'ai peut-être la moitié de mes esclaves qui méritent la mort. Je vous
envoie la lettre que le premier eunuque m'écrivit là-dessus avant de mourir. Si vous aviez ouvert le paquet
qui lui est adressé, vous y auriez trouvé des ordres sanglants. Lisez-les donc, ces ordres, et vous périrez si
vous ne les exécutez pas.
De***, le 25 de la lune de Chalval 1718.
Lettre CL. Usbek à Narsit, au sérail d'Ispahan 208
Lettres persanes
Lettre CLI. Solim à Usbek, à Paris
Si je gardais plus longtemps le silence, je serais aussi coupable que tous ces criminels que tu as dans le
sérail.
J'étais le confident du grand eunuque, le plus fidèle de tes esclaves. Lorsqu'il se vit près de sa fin, il me
fit appeler et me dit ces paroles : "Je me meurs ; mais le seul chagrin que j'ai en quittant la vie, c'est que mes
derniers regards ont trouvé les femmes de mon maître criminelles. Le ciel puisse le garantir de tous les
malheurs que je prévois ! Puisse, après ma mort, mon ombre menaçante venir avertir ces perfides de leur
devoir et les intimider encore Voilà les clefs de ces redoutables lieux. Va les porter au plus vieux des noirs.
Mais si, après ma mort, il manque de vigilance, songe à en avertir ton maître." En achevant ces mots, il expira
dans mes bras.
Je sais ce qu'il t'écrivit, quelque temps avant sa mort, sur la conduite de tes femmes : il y a dans le sérail
une lettre qui aurait porté la terreur avec elle, si elle avait été ouverte. Celle que tu as écrite depuis a été
surprise à trois lieues d'ici. Je ne sais ce que c'est : tout se tourne malheureusement.
Cependant tes femmes ne gardent plus aucune retenue : depuis la mort du grand eunuque, il semble que
tout leur soit permis. La seule Roxane est restée dans le devoir, et conserve de la modestie. On voit les
moeurs se corrompre tous les jours. On ne trouve plus sur le visage de tes femmes cette vertu mâle et sévère
qui y régnait autrefois : une joie nouvelle, répandue dans ces lieux, est un témoignage infaillible, selon moi,
de quelque satisfaction nouvelle ; dans les plus petites choses, je remarque des libertés jusqu'alors inconnues.
Il règne même parmi tes esclaves une certaine indolence pour leur devoir et pour l'observation des règles, qui
me surprend : ils n'ont plus ce zèle ardent pour ton service qui semblait animer tout le sérail.
Tes femmes ont été huit jours à la campagnes à une de tes maisons les plus abandonnées. On dit que
l'esclave qui en a soin a été gagné, et qu'un jour avant qu'elles arrivassent, il avait fait cacher deux hommes
dans un réduit de pierre qui est dans la muraille de la principale chambre, d'où ils sortaient le soir, lorsque
nous étions retirés. Le vieux eunuque qui est à présent à notre tête est un imbécile, à qui l'on fait croire tout ce
qu'on veut.
Je suis agité d'une colère vengeresse contre tant de perfidies, et, si le ciel voulait, pour le bien de ton
service, que tu me jugeasses capable de gouverner, je te promets que, si tes femmes n'étaient pas vertueuses,
au moins elles seraient fidèles.
Du sérail d'Ispahan, le 6 de la lune de Rébiab 1, 1719.
Lettre CLI. Solim à Usbek, à Paris 209
Lettres persanes
Lettre CLII. Narsit à Usbek, à Paris
Roxane et Zélis ont souhaité d'aller à la campagne ; je n'ai pas cru devoir le leur refuser. Heureux
Usbek ! tu as des femmes fidèles et des esclaves vigilants : je commande en des lieux où la vertu semble
s'être choisi un asile. Compte qu'il ne s'y passera rien que tes yeux ne puissent soutenir.
Il est arrivé un malheur qui me met en grande peine. Quelques marchands arméniens, nouvellement
arrivés à Ispahan, avaient apporté une de tes lettres pour moi ; j'ai envoyé un esclave pour la chercher ; il a
été volé à son retour, et la lettre est perdue. Ecris-moi donc promptement : car je m'imagine que, dans ce
changement, tu dois avoir des choses de conséquence à me mander.
Du sérail de Fatmé, le de la lune de Rébiab 1719.
Lettre CLII. Narsit à Usbek, à Paris 210
Lettres persanes
Lettre CLIII. Usbek à Solim, au sérail d'Ispahan
Je te mets le fer à la main. Je te confie ce que j'ai à présent dans le monde de plus cher, qui est ma
vengeance. Entre dans ce nouvel emploi ; mais n'y porte ni coeur ni pitié. J'écris à mes femmes de t'obéir
aveuglément. Dans la confusion de tant de crimes, elles tomberont devant tes regards. Il faut que je te doive
mon bonheur et mon repos. Rends-moi mon sérail comme je l'ai laissé ; mais commence par l'expier.
Extermine les coupables, et fais trembler ceux qui se proposaient de le devenir. Que ne peux-tu pas espérer
de ton maître pour des services si signalés ? Il ne tiendra qu'à toi de te mettre au-dessus de ta condition
même, et de toutes les récompenses que tu as jamais désirées.
De Paris, le 4 de la lune de Chahban 1719.
Lettre CLIII. Usbek à Solim, au sérail d'Ispahan 211
Lettres persanes
Lettre CLIV. Usbek à ses femmes, au sérail d'Ispahan
Puisse cette lettre être comme la foudre qui tombe au milieu des éclairs et des tempêtes ! Solim est
votre premier eunuque, non pas pour vous garder, mais pour vous punir. Que tout le sérail s'abaisse devant
lui. Il doit juger vos actions passées, et, pour l'avenir, il vous fera vivre sous un joug si rigoureux que vous
regretterez votre liberté, si vous ne regrettez pas votre vertu.
De Paris, le de la lune de Chahban 1719.
Lettre CLIV. Usbek à ses femmes, au sérail d'Ispahan 212
Lettres persanes
Lettre CLV. Usbek à Nessir, à Ispahan
Heureux celui qui, connaissant le prix d'une vie douce et tranquille, repose son coeur au milieu de sa
famille et ne connaît d'autre terre que celle qui lui a donné le jour !
Je vis dans un climat barbare, présent à tout ce qui m'importune, absent de tout ce qui m'intéresse. Une
tristesse sombre me saisit ; je tombe dans un accablement affreux : il me semble que je m'anéantis, et je ne
me retrouve moi-même que lorsqu'une sombre jalousie vient s'allumer et enfanter dans mon âme la crainte,
les soupçons, la haine et les regrets.
Tu me connais, Nessir ; tu as toujours vu dans mon coeur comme dans le tien. Je te ferais pitié si tu
savais mon état déplorable. J'attends quelquefois six mois entiers des nouvelles du sérail ; je compte tous les
instants qui s'écoulent ; mon impatience me les allonge toujours ; et, lorsque celui qui a été tant attendu est
prêt d'arriver, il se fait dans mon coeur une révolution soudaine : ma main tremble d'ouvrir une lettre fatale.
Cette inquiétude qui me désespérait, je la trouve l'état le plus heureux où je puisse être, et je crains d'en sortir
par un coup plus cruel pour moi que mille morts.
Mais, quelque raison que j'aie eue de sortir de ma patrie, quoique je doive ma vie à ma retraite, je ne
puis plus, Nessir, rester dans cet affreux exil. Eh ! ne mourrais-je pas tout de même, en proie à mes [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

  • zanotowane.pl
  • doc.pisz.pl
  • pdf.pisz.pl
  • antman.opx.pl
  • img
    \